Interview avec sœur Marie Antoinette Saadé

"On ne peut pas que vivre ensemble"

Sœur Marie Antoinette Saadé est la Supérieure Générale de la Congrégation des Sœurs Maronites de la Sainte Famille

La situation au Liban : 

La situation n'est pas très glorieuse, elle est trop difficile. Au Liban nous sommes en train de vivre une descente aux enfers, c'est l’effondrement de tout un pays, c'est tout un peuple qui souffre, l'Église, les congrégations religieuses. On ne connaît pas encore le fond du trou… on n'est pas encore arrivé au fond pour pouvoir remonter. 

Nous sommes en train de nous débattre avec des problèmes sociaux, des problèmes politiques, des problèmes de corruption et des problèmes économiques c'est la chute libre de la monnaie libanaise. 

Il y a une nouvelle catégorie de nouveaux pauvres. Les gens qui vivaient moyennement, qui avaient un salaire décent, cette classe moyenne a disparu. Ces gens sont presque dans la misère, leur salaire est une misère et voilà on en est là malheureusement !
Un pays qui était florissant, un peuple qui est intelligent, un peuple qui a de la dignité, le peuple libanais est connu : c’est un peuple digne qui a du potentiel, qui est riche au niveau de son intelligence, de ses moyens et nous sommes réduits à la pauvreté. 

La synodalité 

Le titre choisi pour la plénière est un thème prophétique, il faut le dire ! c'est mon deuxième mandat comme supérieure générale et mon souci a toujours été de vivre la synodalité ! C'est ce que nous essayons de faire au Liban : la synodalité au niveau des supérieurs majeurs des congrégations masculines et féminines, là où l'Église nous appelle ! Nous la vivons à l'intérieur de notre congrégation, et quand le Pape nous invite à réfléchir sur la synodalité, je pense que nous sommes déjà dans cette démarche. 
La synodalité, c'est faire gagner le pari du Christ « que nous soyons un ».

C’est le vrai et grand témoignage de notre appartenance au Christ dans un monde pluriel, dans un monde qui n'est pas forcément chrétien et qui n'est pas seulement chrétien avec d’autres religions. La synodalité c’est vivre le partage, la communion ensemble, c’est mettre la main dans la main pour faire face, pour aller ensemble dans le sens du Christ. C'est un des thèmes majeurs de ma mission et maintenant le Pape vient nous inviter à aller de l'avant et à ne pas baisser les bras et à continuer un travail ensemble. 

Vivre la synodalité avec d’autres religions, d’autres cultures : pour moi ce n’est pas une option, c'est une nécessité et une urgence. Nous ne pouvons que marcher ensemble et vivre ensemble et cela fait partie de la vocation du Liban lui-même. 

Le Liban est plus qu'un pays, c’est un message, comme l’avait dit le Pape Saint Jean Paul II ; c'est un message de pluralité, un message de convivialité, un message de vivre ensemble, de marcher ensemble, d’avancer ensemble, et de changer le monde ensemble. Et pour changer le monde, il nous faut créer toujours des initiatives communes qui aillent dans le sens de la personne humaine, la promotion de la femme, la promotion de la protection des enfants donc on ne peut que marcher ensemble !
 

Présidente de l'Assemblée des Supérieures Majeures au Liban, Vice-Présidente des deux Commissions Episcopales pour l'Education dans les écoles catholiques et pour la Pastorale de la Famille. Elle est également Vice-Postulateur de la Cause de Canonisation du Vénérable, le Patriarche Elias Hoyek, Fondateur de la Congrégation.

Pour écouter d'autres interviews, cliquez ici

Pour lire d'autres interviews, cliquez ici